À chaque fonction correspond un ensemble de formes structurales qui peuvent y répondre efficacement. Par exemple, une poutre a plutôt intérêt à présenter une section dont la forme est allongée verticalement, et pas une forme ronde. On peut donc dire qu'en structure aussi, on retrouve le fameux principe moderniste !
C'est une manière d'aborder les formes structurales qui est proche de la manière de travailler de l'architecte, et donc plus adaptée qu'une approche de type encyclopédique, basée uniquement sur la forme, plus indiquée pour des historiens de l'architecture, par exemple.
Parfois, un élément ne sert pas directement à remplir une des 3 fonctions de base, mais à aider un autre élément à le faire, en réduisant la portée que ce dernier doit franchir. On dira que le premier fait partie de la structure primaire, car il soutient d'autres éléments, qui constituent eux la structure secondaire.
Exemple : le pont Dom Luís I à Porto (Théophile Seyrig, 1886) – construit par des Belges ! La (sous-)fonction globale est "soutenir un praticable". Mais cette fonction n'est prestée directement que par le tablier supérieur (et la passerelle inférieure), que les usagers empruntent. Les autres éléments de la structure (l'arc, les colonnettes qui le relient au tablier et les suspentes qui le relient à la passerelle) sont là pour diminuer les portées que tablier et passerelle doivent franchir. Sans cela, ils devraient se débrouiller pour "sauter" tous seuls d'une rive à l'autre ! L'arc et les éléments verticaux sont donc des structures primaires, au service du tablier qui constitue la structure secondaire.
Au moment de concevoir une structure complète, les différentes fonctions ne sont pas abordées dans un ordre particulier. En général, on suit le fil de la descente de charge. Ce chemin permet d'inclure à l'étape suivante le poids propre de la structure imaginée, puis prédimensionnée. On peut donc ainsi passer du toit (sous-fonction "couvrir un espace") à un mur (fonction "supporter"), qui lui-même pourrait tomber ensuite sur une dalle (sous-fonction "soutenir un praticable"), etc. Mais plus exactement, la succession est propre à chaque projet, à la logique de composition qu'il appelle.
Un bâtiment n'est pas soumis à un seul cas de charge, mais à plusieurs. Cela veut dire qu'un même élément structural peut, par la multiplicité des types de charges qu'il doit répondre, se retrouver à ressortir de plusieurs fonctions structurales ! Il doit alors respecter les règles de conception propres à l'ensemble de ces fonctions. Par exemple, un mur doit résister non seulement à une charge verticale linéique (fonction "supporter"), mais aussi, dans le cadre du contreventement, possiblement à une charge horizontale longitudinale (ce qui revient à la sous-fonction qu'on a appelée "soutenir un praticable", même si le problème est tourné à 90° par rapport à cette appellation).
Exemple : étude d'un abri cubique qui doit pouvoir reprendre non seulement une charge d'exploitation verticale sur son toit (par exemple une couche de neige), mais aussi du vent, quelle que soit la direction d'où il provient. Chaque surface de l'abri se retrouve ainsi à devoir remplir plusieurs fonctions.
En pratique, les cas de charge ne sont pas aussi importants ou aussi fréquents les uns que les autres ; à celui prédominant correspond une fonction structurale "principale". Dans la conception de l'élément structural considéré, une certaine priorité peut donc être accordée aux règles relatives à cette fonction principale.