Modéliser une colonne ou une poutre c'est la représenter sous la forme d'un schéma statique.
Le schéma statique est une représentation simplifiée et codifiée de l'élément étudié en fonction de sa géométrie, de ses appuis et de ses charges (actions). Ci-après quelques schémas statiques classiques pour les poutres (à gauche) et pour les colonnes (à droite).
Voyons maintenant comment modéliser les éléments de structure dans la pratique et en fonction de trois matériaux: le bois, l'acier et le béton.
Dans la plupart des cas, les appuis des poutres en bois sont rotulés. Même quand ils sont "dans" la maçonnerie 'comme dans l'exemple ci-contre). Le retrait du mortier de resserrage permettra un léger mouvement de rotation. Vu les faibles déformations que nous tolérons dans les bâtiments, ce mouvement sera suffisant pour que nous symbolisions cet appuis par une appui rotulé (comme dans le schéma ci-après)
La poutre en bois photographiée plus haut est posée de la même manière dans la maçonnerie à son autre extrémité. Nous allons donc la représenter sur ces deux appuis mais en précisant qu'il y a possibilité d'un glissement horizontal dans la maçonnerie d'un des deux appuis (lors de la flexion de la poutre et dès lors de son "raccourcissement"). Pour cela nous représenteront l'autre appuis sous la forme d'un appuis à rouleau.
Nous allons maintenant rajouter les actions qui sollicitent la poutre.
La poutre de notre exemple supporte d'autres petites poutres espacées d'environ 50cm. Ces dernières soutiennent le complexe de la toiture: on peut imaginer une isolation et des lattes et contre lattes supportant des tuiles ou un autre matériau d'étanchéité.
Chaque réaction d'appui des petites poutre sur notre poutre constituera une action pour celle-ci. On dira que notre poutre est chargée uniformément (même si c'est de manière discrète par une série de charges ponctuelles).
Voici le schéma statique complet de notre poutre.
Voici quelques exemples de poutres bois dont les appuis sont rotulés.
Dans le cas du plancher de terrasse ci-contre, les poutres secondaires sont supportées par les 3 poutres primaires. Le schéma statique des poutres secondaires est celui d'une poutre sur 3 appuis (cas 2 ci-après).
A condition que les actions soient symétriques, ont peut se baser sur les résultats (même moment maximum, même flèche) données par le schéma statique d'une poutre encastrée-appuyée (cas 2)
Cas1: poutre sur 3 appuis
Cas2: poutre encastrée-appuyée
Technologiquement il est difficile de réaliser un assemblage permettant l'encastrement et le transfert d'un moment dans le monde de la construction en bois. Néanmoins c'est possible et ces assemblages sont particulièrement reconnaissables. Ils concernent le plus souvent des ossatures en lamellé collé. Ci-après quelques illustrations de ce type d'assemblage. L'indice le plus flagrant de la présence d'un encastrement est l'augmentation locale de la section de l'élément (poutre ou colonne). Typiquement l'encastrement se fait par une couronne de boulons permettant le transfert du moment atteignant un maximum au niveau de cette liaison (visible sur le schéma du portique). Globalement, si la section s’amincit alors on obtient une rotule, si elle s'accroit on obtient un encastrement.
On suivra la même logique que pour les poutres bois et ici aussi, dans le cas d'une poutre acier dont l'appui est "noyé" dans la maçonnerie, on le traduira par un appui rotulé dans notre schéma statique.
Les encastrements sont plus fréquents (car plus aisés à réaliser) que dans le cas du bois. Voici comment reconnaitre un assemblage rotulé ou encastré.
L'assemblage entre poutres acier se fait la plupart du temps via l'âme. Cette image représente un assemblage rotulé: l'assemblage lui-même est marqué" par une diminution de la matière (tout l'effort passe par deux "petites" équerres représentées en rouge) et il est incapable de faire transiter le moment que peut reprendre la poutre beige.
Cette image représente un assemblage encastré: l'assemblage lui-même est marqué" par un renfort et une augmentation de la matière et de l'inertie dans le but de faire transiter un moment sans doute maximum à cet endroit.
La structure du hangar ci-contre est faite de portiques (assemblages de poutres primaires et poteaux) et de poutres secondaires certainement sur 3 appuis.
Les poutres en béton armé sont le plus souvent coulées en place. Cela facilite la réalisation de liaison se rapprochant d'un encastrement (on ne considérera pas un encastrement parfait).
Dans la pratique du prédimensionnement (sur la feuille de calcul prédim notamment) on considérera que l'on a affaire à une liaison à mi-chemin entre la rotule et l'encastrement. On fera deux calculs: l'un avec des appuis rotulés et l'autre avec les appuis encastrés et on prendra la moyenne des deux sections. C'est ce qu'on a fait dans l'exemple de calcul suivant: en déterminera que la poutre BA fait 23cm de large sur 47cm (=(40+54)/2) de hauteur.
Premier calcul: bi-rotulé
deuxième calcul: bi-encastré
Certaines poutres en béton (ou colonnes) sont néanmoins rotulées: c'est plus rare mais ce cas de figure a l'avantage de se voir clairement.
Les schéma statique des poutres préfabriquées qui suivent correspondent à la poutre sur 2 appuis chargées uniformément.
Par contre la poutre primaire ci-après sera symbolisée par le schéma statique d'une poutre sur 2 appuis chargée ponctuellement en son centre (par la réaction d'appuis de la poutre secondaire supportant la toiture)
Pour comprendre l'importance du choix du schémas statique dans le prédimensionnement des colonnes, allez voir la vidéo relative au flambement dans la notion du même nom ("Visite guidée de l'exposition Comment tout ça tient").
En ce qui concerne les appuis et du point de vue des matériaux, ce qui a été dit pour les poutres plus haut est également valable pour les colonnes. En résumé:
Quasi dans tous les cas: rotulé
Ci-contre un exemple de liaison d'une colonne bois à une dalle/fondation en BA. Le plat métallique de la pièce en "T" servant de liaison fléchira bien avant la colonne si celle-ci est soumise à un moment de flexion. On considère donc la liaison comme une rotule, incapable de reprendre un moment.
Les appuis peuvent être encastrés mais cela implique des renforts au droit de la jonction. Dans le doute, considérer l'appui comme rotulé.
Les appuis sont généralement encastrés dans le reste de la structure en BA